Risque, addiction, gains bloqués… une réalité des paris sportifs

Pourquoi il peut être impossible de réellement gagner aux paris sportifs


Amasser des gains aux paris sportifs ? oui, il existe de nombreuses stratégies et méthodes mathématiques qui peuvent rendre cet objectif accessible sur le long terme.
Que ce soit assez risqué est assez clair, normalement, pour tout le monde. Que cela demande beaucoup de temps et d'investissement doit être aussi clair normalement : digérer les principes mathématiques des calculs de probabilités, les différentes stratégies, tout autant que l'expertise technique sportive: la connaissance des équipes, adversaires, historiques, terrains, …
Maintenant, il existe des éléments extérieurs aux compétences mathématiques et sportives du parieur que tout parieur doit aussi connître.
C'est l'objectif de cette page de les rappeler.


Quelques éléments statistiques

Étudier des statistiques est une activité courante, jusqu'à en devenir banale, pour un parieur investi: des statistiques sur les rencontres sportives, sur les joueurs, des statistiques sur ses propres résultats et gains (dont les calculs fondamentaux de rendements ROI et RO), …
D'autres statistiques pourraient (et/ou devraient) aussi intéressées les parieurs réguliers: les statistiques réalisées sur l'ensemble des parieurs. Si chaque bookmaker garde ces statistiques bien secrêtement au chaud pour développer ses propres intérêts, des statistiques plus globales sont ouvertes au public.
En effet, les paris sportifs sont obligatoirement encadrés en France par l'ANJ (Autorité nationale des jeux qui est l'autorité de régulation des jeux en ligne).
Comme tous les paris sont donc légalement surveillés, il existe entre autres des statistiques exhaustives. On peut consulter par exemple sur le site de l'ANJ des éléments du bilan des statistiques de l'année 2022

Ces statistiques peuvent paraître dans un premier temps bien attractives: avec ces milliards d'euros en jeux chaque année (et qui plus est en nette augmentation chaque année), il doit bien être possible de se faufiler, de grapiller grâce à son sérieux, sa rigueur, ses connaissances et compétences quelques petits pourcents, dixième de pourcents, …

Quelques statistiques qui peuvent refroidir

Voici un exemple de statistiques assez équivoque, fournis par l'ANJ.

La coupe du monde de foot de 2022 au Qatar a vu quelques 615 millions (et 366 millions pour la précédente en 2018) d'euros pariés sur les plateformes françaises, dont plus de 50 millions pour la seule finale France-Argentine.
Une telle ouverture
D'après Isabelle Falque Pierrotin, Présidente de l’Autorité Nationale des Jeux (2020-2026), "Selon une étude réalisée en 2021 à partir des données de ANJ sur l'ensemble des joueurs (environ 3,2 millions de personnes), seuls 1 280 joueurs avaient gagné plus de 10 000 euros en un an, soit 0,03% de la totalité des joueurs".
Ce qui n'est, en plus, pas évoqué dans ce dur constat est la bankroll de ces 1280 joueurs: ont-ils magistralement gagné plus de 10 000 euros à partir de quelques euros investis, ou ces 10 000 euros sont-ils les gains suite à des centaines de milliers d'euros pariés.
En diminuant l'ambition de gain, on trouve cette même année 27 000 joueurs qui ont gagné plus de 1000 euros. On est encore en dessous de 1% de gagnants même avec des gains plus modestes (on parle bien de gain annuel, sur une année).
En tout cas, avec ces chiffres devant les yeux, on arrive facilement à la même conclusion que la présidente Falque Pierrotin, conclusion sans appel: "(…)on ne peut pas gagner sa vie avec les paris sportifs"

Un marché et une économie florissants

Toutes les staitisques le montrent sans appel: l'économie des paris sportifs en ligne est un secteur très dynamique.
Le contexte numérique porte ce dynamisme, et l'économie du numérique a proprement révolutionné ce secteur du jeu devenu majoritairement "jeu en ligne".
La médiatisation croissante des événements sportifs joue aussi un rôle majeur en réactivant sdans cesse l'envie de parier et en offrant en plus une visibilité accrue aux opérateurs de paris.
De massives campagnes publicitaires ciblées viennent enfin lier le tout, utilisant toutes les techniques modernes du marketing digital (pub, push up, notifications, recurtement d'influenceurs, sponsoring, …).
L'attention est sans cesse captée, et l'envie de parier, de "participer à l'événement sportif" et de potentiellement gagner et devenir riche, sont sans cesse réactivés.

Parmi tous les principes commerciaux et de marketing, on trouve en première ligne les mesures incitatives: bonus et/ou cashback à l'inscription, ou plus tard pour relancer un parieur trop "timide". Par exemple la promesse de se voir rembourser 100 euros en cas de perte peut (re)lancer l'envie de jouer, en donnat même l'impression que, à tous les coups, on est gagnant … peut être, mais sur le très court terme …

Incitation à l'addiction: mises offertes et cadeaux des bookmakers

L'addiction aux jeux d'argent, aux paris sportifs entre autre, est clairement reconnue. Le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, version 5: ouvrage de référence publié par l'Association américaine de psychiatrie), et le CIM-10 (Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé) considèrent déjà le jeu pathologique, le trouble lié au jeu d'argent (on peut lire par exemple cette Mise au point sur le jeu pathologique)

Les multinationales du jeu d'argent connaissent bien sûr tout ceci, et s'en servent… Et les mises offertes et autres cashback alors ? Cela s'appelle, simplement, de l'incitation à l'addiction.

Gains bloqués: une (mal)honnêteté des bookmakers critiquable

De (plus en plus) nombreuses plaintes et témoignages rapportent des pratiques "bien limites", des pratiques abusives, dont la légalité peut être interrogée, et qui, en tout cas, freine réellement les gains des parieurs.
Il suffit de naviguer sur de multiples forums pour se rendre compte à quel point certaines pratiques de bookmakers sont courantes: des limitations dans les mises, des gains refusés pour diverses raisons obscures de règlement, des comptes bloqués (des comptes gagnants et rentables bien sûr). Certain rapportent aussi globalement des plafonds dans les gains. L'ANJ (dénommée encore Arjel à ce moment) a délibéré il y a quelques années et rendu public cette délibération. Des pratiques, telles qu'évoquées ci-dessus, y sont clairement désignées comme illégales.
En effet, au regard de la loi et de ces délibérations, le parieur est finalement considéré comme un consommateur et est donc protégé par les règles du droit de la consommation.

Encore faut-il, en tant que simple parieur particulier, être prêt à passer à l'attaque juridiquement face à ces énormes multinationales du jeu. Cette partie là semble encore plus compliquée que celle de gagner sur le long terme aux paris sportifs.

Conclusion

S'investir dans les paris sportifs est doublement risqué: par définition, on mise sur des événements hasardeux et il est difficile de mettre en place une stratégie gagnante sur le long terme. Avec des ambitieux modestes, c'est néanmoins possible.
Le deuxième risque provient du système en lui-même: risque d'addiction, qui au passage va nuire gravement à la capacité essentielle de prise de décision rationnelle et mesurée, et pratiques des opérateurs de jeux en ligne qui tendent à particulièrement mettre des batons dans les roues des éventuels gagnants chanceux.

La moindre chose dans l'histoire, pour un parieur, c'est d'être bien informé de tout cet environnement, statistiques réelles objectives à l'appui, avant de s'investir plus que de raison et rêver une fortune rapidement et simplement amassée.
C'est aussi là que prend tout son sens d'avoir, ou de développer personnellement, une stratégie global de paris (comme la méthode Miller par exemple) et de la suivre rigoureusement afin d'éviter les débordements et pertes irrationnelles.




Quelques sources:

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